29 août 2016

Bonaire Roofing

En attendant la vidéo sous marine...
... Voici un dimanche sur l'eau à Bonaire


23 août 2016

Dans le bleu Épisode 3: Bonaire

Étraves plein ouest.
Une quarantaine de miles nautiques, 80 petits kilomètres seulement séparent les îles venezuéliennes de Los Aves à l'île de Bonaire.


Une même mer des Caraïbes,  un même climat... Mais tout un monde de différence.
Si pendant la traversée, au portant sous Parasailor, notre Ti'Amaraa a galopé comme Ourasi à la grande époque. En revanche, les 6 derniers miles sous le vent de l'île ont été sportifs. Nous sommes passés de la course de fond aux sauts d'obstacles. 
De vilaines rafales à près de 30 nds, nous ont en effet forcé à changer puis à réduire de la toile. Sacrée école de voile le coin ! Nous aurons presque eu toutes les allures en 6h de nav'. Nous arrivons dans la baie comme un boulet de canon. La mer est agitée, le vent souffle. L' arrivée sur Kralendjik est vitaminée. On sait que le mouillage y est interdit. C'est sur bouée que ça se passe par chez eux. Vu les conditions, on sent que ça va être rock'n roll... 
D'autant plus qu'il faut attraper non pas une mais deux bouées !!! Une par étrave. Génial !!! Bouées étant un grand mot car d'après le guide nautique il s'agit plutôt de deux petits flotteurs bicolores.
Le Cap est serein. La Cap et sa gaffe prient les Saints des bouées (si! si! ils doivent bien exister...il FAUT qu'ils existent !!!)  pour qu'ils nous en aient laissées de libres et que la capture de ces bestioles ne soit pas trop galère. 
Lorsque l'on se présente sur zone, toutes les bouées arrières sont prises... Pas cool...
Il n'en reste que quelques unes en première ligne très proche du bord et des autres bateaux.
Pas le choix, faut y aller et va falloir le jouer serré.
- Y aura assez de fond ?
- Y aura assez de rayon d'évitement le plus proche voisin est tout de même un Oceanis 50 ?
- Elle est de quel côté du flotteur la boucle à attraper ? Pour certains bateaux en place c'est côté blanc... pour d'autres c'est rouge... et d'autres encore c'est une bouée classique rouge! Parfait, ça nous aide !!! Merci les Saints des bouées.

On approche doucement. La ville et ses immeubles coupent le vent. Finies les rafales, le plan d'eau est nettement plus praticable. Finalement, on trouve du bon dans les constructions bétonnées en bord de côte.
En deux coups de cuillères à Yanmar, on est ficelés aux deux flotteurs. Quand on vous dit qu'ils existent les Saints des bouées !!! Ou alors c'est l'équipage qui s'améliore ?


Seayousoon et Ti'Amaraa au mouillage 

Il y a près de 3m de fond et nous sommes certes près les uns des autres mais tous sur bouées ça le fait.
Hihaaaaa !!! Y'a plus qu'à...
1- dormir
2- profiter... demain 

Au premier coup d'oeil, Kralendjik n'a pas grand charme. Après un mois d'îlots déserts et préservés,  on se retrouve à quelques mètres de la jetée et d'une ville à l'européenne. Camions, voitures,  motos ou quads agitent le front de mer. Les avions sillonnent le ciel. Les klaxons et sirènes remplacent les chants des sternes.
Mouai... Bof...
Seul le bleu translucide du plan d'eau est engageant. 
Allons allons, pas d'à priori! On a lu beaucoup de bien sur cette escale surnommée le paradis des plongeurs. Wait and see... 




Concernant les formalités, un seul bureau,  un seul interlocuteur tout sourire, un seul petit quart d'heure pour être en règle pour 0,00 €.
Pour ceux qui nous ont interrogés suite à l'escale venezuélienne, deux options sont possibles:
- soit vous faites la sortie à Gran Roque avant de partir pour les Roques ouest et les Aves. 
- soit si vous n'avez pas prévu de revenir de si tôt aux Roques, vous ne faites pas la sortie à Gran Roque et vous avez en poche une clearance de Martinique avec Bonaire pour destination.(faite en avance de phase sur les ordinateurs mis à dispo par les douanes françaises) 

Dans les deux cas, les dates des clearances de sortie sont très éloignées de celle de votre arrivée effective à Bonaire mais ils s'en moquent. Ils font une copie du papier et basta.
Nous avons opté pour l'option 2, les copains de Seayousoon pour la 1, l'un comme l'autre nous avons été accueillis sur le sol néerlandais sans encombre.
Et oui, Bonaire est un bout d'Hollande (Le pays, hein ? Pas le président !) en climat Caraïbe.

Les bouées sont facturées 10 Us$ la nuit, soit trois fois moins qu'aux BVI tout de même. 
Escale payante, mouillage ''dirigé''. Comparé à la liberté et la gratuité de nos escales venezuéliennes, nous avons décidément changé de monde... Mais on n'a rien sans rien. C'est aussi ce qui fait le charme de notre vie en voyage. À chaque nouvelle escale,  nous devons nous adapter au rythme et usages locaux.

La première balade en ville nous renvoie dans les codes européens : une civilisation galopante, des portables qui carillonnent, des vitrines aguichantes, le roi Us$ omniprésent... Mais aussi des cafés avec WiFi !!!
Vite une Maj !!
Il faut bien reconnaître que cela fait du bien de vous lire et de recevoir et donner des news.
Merci pour tous vos messages suite à la publication de la vidéo des Roques et des Épisodes ''Dans le bleu 1 et 2''.

Si en ville, il ne semble pas y avoir de quoi tomber à pamoison, sous l'eau par contre, tout un programme nous attend.
Sous le bateau, à quelques mètres de la jetée et de la vie trépidante de la ville principale, l'eau est d'un bleu lagon magnifique.
Régulièrement , nous sommes spectateurs d'entraînements sportifs de locaux devant nos étraves: natation, voile, water-polo... 
À chacun ses Olympic Games...



Au premier coup de palme, on se retrouve nez à nez avec des anges français peu farouches ou des raies aigles accompagnés de la noria ''habituelle'' de poissons coralliens multicolores.
On comprend vite lorsque l'on met le masque sous l'eau l'interdiction de mouiller. Déjà les coraux sont préservés et donc nombreux, aussi le fond descend très vite. Les bouées sont à ras d'un tombant de plusieurs dizaines de mètres. On comptabilisera 40 mètres tout de même à l'arrière de Ti'Amaraa en plongée. Mouiller serait bien compliqué et peu sécurisant. On ne regrette pas nos 10 dollars.

La philosophie adoptée par Bonaire est de laisser tous les sites de plongée libres d'accès. Ils sont identifiés en bord de route par des cailloux peints en jaunes. Des bouées de la même teinte sont à disposition pour amarrer les annexes, les bateaux privés et ceux des clubs professionnels. Si l'on est autonomes et équipés, on peut plonger autant qu'il nous plaît (hors structures commerciales) à la seule condition de participer à la fondation des parcs naturels de Bonaire. Le prix est fixé à 10 dollars pour les snorkellers et 25 pour les plongeurs. Ce pass est valable un an, donne accès aux 2700 ha de zone côtière autour de Bonaire et au Washington Slagbaai National Park (parc terrestre dans le nord de l'île de 5643 ha).


Heureusement que les formalités d'entrée sont gratuites car entre les nuits sur bouées et le ''Nature fee'', un petit budget est tout de même à prévoir pour accéder au paradis des plongeurs. Le St Pierre en combi néerlandais à la bosse du commerce.

Remplissage des blocs en drive in

Nous aimons croire que le but principal est la préservation du patrimoine. Les plongées nous le confirme immédiatement.
Quel luxe de pouvoir plonger en direct de notre bateau ! On accède au tombant et ses beautés de nos jupes.



Une vidéo vaudra mieux que des mots. Des poissons par centaines, des anges français énormes qui vous suivent comme des petits chiens, des anges empereurs et Caraïbes majestueux dans un décor corallien de toute beauté.
Waouuuuu effectivement ça vaut l'escale ! Une fois de plus de faux airs des tombants polynésiens les pélagiques en moins.
En terme de tailles (âge) de coraux nous sommes toutefois en dessous de ce que nous avons pu voir aux Roques mais l'état de préservation fait plaisir à voir.

La petite île soeur Klein Bonaire possède une multitudes de sites pour buller en immersion dans le monde du silence. Sa préservation en îlot désert et protégé en fait un havre de quiétude lorsque l'on sature des bruits urbains. D'un run d'annexe nous avons pu barboter pendant des heures au milieu des coraux multicolores et des poissons assortis.

La vie fut donc douce à Bonaire.
Île de passionnés de nature et de sports, nous avons apprécié l'état d'esprit et l'art de vivre qui se dégage de ses quartiers.
Dès le plus jeune âge, la sensibilisation au respect de la Nature est enseignée. Un corps de ''Rangers Junior'' est par ailleurs très actif et très apprécié des enfants de Bonaire et de leurs parents. À terre comme en mer, tout est propre et respecté. 



Notre budget limité ne nous a pas permis de faire les clients mystères de TripAdvisor pour faire un comparatif des offres en matière de ''diner à terre''. Nous avons toutefois flashé sur l'un d'entre eux: le Bistro de Paris, situé dans la marina.



Après un mois en autonomie entre poissons frais, riz, et ce même avec les langoustes, cela peut paraître du snobisme mais on frôlait l'overdose. On a donc adoré dévorer un Burger au bon steak saignant avec un semi-remorque de frites et du rosé de Provence. Aaaah les classiques !!!
Donc sans chauvinisme aucun, ce resto est top ! Patrice, chef d'origine bretonne expatrié depuis des années à travers le monde, a fait de son établissement une belle image de notre gastronomie relevée de touches exotiques assorties au décor. À découvrir sans modération !!!

Merci pour tout Patrice
Ton sourire, ta générosité,  ton équipe
Ne changes rien !

L'accueillir à notre bord avec les Seayousoon fut aussi un réel plaisir. 
Quoiqu'un peu stressant : on cuisine quoi à un chef cuistot ?
Non sans blague, sans chichis nous avons mis en commun nos petits plats et passé une belle journée autour de notre plancha entre français d'outre-mer. 

Accaparés par ces belles plongées et notre vie sur l'eau, nous avions délaissé les charmes terrestres.
Inadmissible pour Patrice et son épouse Kerenza, native de Bonaire. Le tour de l'île est obligatoire pour se faire une vraie idée de cette île aux valeurs écologiques.
Qu'à cela ne tienne, malgré leurs boulots, plannings et obligations , ils s'arrangeront dès le lendemain pour nous mettre à disposition leur pick-up pour la journée. Merci à vous deux pour ce joli cadeau, en cette veille d'anniversaire de la Cap'. 


Nous découvrirons une île multi-facette.
L'industrie du sel au sud dessine un panorama de lacs roses affleurant une côte sous le vent aux eaux turquoises et surmontés de dunes blanches cristallines.

Maison des esclaves 



Au nord, nous aimerons admirer les ânes sauvages, les iguanes craintifs, les flamands roses gracieux et surtout les perroquets bavards dans une nature primaire entre savane et désert de cactus.




D'ailleurs les clôtures des propriétés sont dans la pensée écologique de l'île et sont un savant enchevêtrement de cactées. Ces plantes font aussi le bonheur des chauve-souris et des oiseaux qui se régalent des moustiques qui ne dévorent plus les proprio. La Nature boucle la boucle ;-)



Cette île est riche et belle de panoramas originaux. Encore une fois, une jolie surprise, une belle découverte et la confirmation qu'il ne faut pas s'arrêter aux ''à priori''.
À mettre dans vos sailing lists...

Quant à nous, la route reprend. D'autant plus que notre ''assistante planning'' préférée Dame Météo se charge de nous semer quelques RDV à respecter ou plutôt à éviter justement. 
Nous y sommes !
Où donc ?
En pleine phase active de la saison cyclonique.
Les dépressions tropicales se forment les unes derrière les autres sur l'Atlantique. 


Après Earl sur le Belize (ouf nos amis sur Nina sont safes), Fiona qui a fait faux bond à l'arc antillais après quelques hoquets, la DT#99 suivie de près par un autre système semble elle décidée à faire plus de bruit. Les simulations de trajectoires se succèdent. On croise les doigts pour tous les copains sur zone.
Bien que déjà assez excentrés, nous pouvons tout de même être soumis à des effets de houle et de renverse de vent difficilement compatibles avec le mouillage de Kralendjik. Comme à notre habitude, une Assemblée Générale/Petit déjeuner a été convoquée.
Vendu...Cap sur Willemstad et son mouillage Spanish Water.

À tous nos lecteurs qui en profitent pour bosser leur géographie... à vous de jouer pour trouver notre prochaine escale. 

Un indice ???
Compte tenu de la spécialité liquoreuse de notre prochaine escale, nous n'appelerons certainement pas le prochain article: Dans le bleu

Trouvé ???

Rdv donc à Curaçao pour la suite de nos découvertes. 

19 août 2016

Dans le bleu Épisode 2: Los Aves



Et ça continue...
Un bon 20/25 noeuds de vent établi, au portant de surcroît, allez zou... Cap sur Los Aves.


Une fois de plus, l'Imperator Parasailor reprend du service et nous fait défiler les 30 nm en 3h30 dans un grand confort.
Comme on disait dans notre vie 1.0 de terriens motards: "On a bien rouléééé !"

Alors que nous rangeons nos voiles au droit du phare avant de se diriger vers le mouillage, nos regards sont attirés par une grosse masse noire à fleur d'eau pile sur notre route.
Nous nous retrouvons nez à nez avec deux énormes tortues Luth de plus 3 mètres d'envergure ... en pleine copulation. Vous nous excuserez, entre la surprise de la rencontre et la pudeur face aux ébats de ces animaux semblant avoir survécu aux dinosaures,  nous n'avons pas eu le réflexe ''photo''.
Quel comité d'accueil !
On nous avait dit que Los Aves étaient encore plus belles et plus sauvages que Los Roques. Ça commence bien !!!

Et puis le temps s'est arrêté.
Sur ces îlots vierges, il n'y a rien de ce qui conditionne la vie des humains: pas d'eau douce, pas de civilisation, pas de restos,  pas de commerces , pas de téléphone ni d'internet...
Sauf qu'in fine, aux Aves, il y a tout !
Tout pour vivre naturellement dans un écrin préservé qui semble ne pas avoir connu la moindre modification hormis celles imposées par les Éléments depuis des décennies.
Pleinement associés à nos sens, nous nous ouvrons à l'intensité de ce moment.
Le plan d'eau se décline en une mosaïque de cyans digne des plus beaux tableaux impressionnistes.
À terre, la mangrove est le berceau de centaines de nids de fous, de sternes ou de pélicans.
Pas besoin de téléobjectifs ni jumelles, en kayak comme en annexe, on les approche à les toucher. Pour ces animaux, l'Homme est une espèce animale en voie d'apparition. Elle ne représente aucun danger et suscite même leur curiosité.
(au grand désespoir de notre pont mitraillé régulièrement de résidus digestifs volants)
De même sous l'eau, la multitude de poissons coralliens ne se sent pas agressée par nos intrusions.
La définition de la symbiose doit avoir été créée sur ces eaux.

Sous réserve d'avoir un bateau autonome en eau et en électricité, on peut passer des semaines d'anses turquoises en anses vert d'eau à vivre du fruit de notre pêche. Poissons, lambis, burgots et langoustes comme apport proteiniques de la quinzaine.
Nous n'avons toutefois prélevé à la Nature que nos besoins alimentaires. Nous ne serons que trois bateaux sur zone pendant 15 jours, autant dire que notre ponction est infime face à la profusion de vie sous nos coques.
La tentation pourrait toutefois être grande de faire des conserves ou de congeler. Pour nous, ainsi que pour nos compagnons d'escale, c'est HORS de question !!!
Les hommes privilégient les langoustes ou poissons plus âgés pour laisser les plus petits vivre en paix. Lorsque nos frigos affichent ''complets'' pour les deux/trois prochains jours, le fusil harpon est remisé.
À certains moments,  on a l'impression d'être en mode préhistorique, les hommes partent à la chasse. Les femmes s'occupent du foyer. Enfin, on a zappé l'épisode guerre du feu et âge de pierre, c'est sur la plancha sur Ti'Amaraa, en zarzuella sur Seayousoon ou en langoustes party à l'armoricaine sur Afrodite que nous nous régalerons tous ensemble des offrandes de Neptune.

Ainsi coulait la vie de trois couples français sur leurs bateaux... jusqu'à ce matin là ...
Il n'est pas 8 heures, nous émergeons tranquilou devant nos biscottes quand une lancha (bateau rapide venezuélien) se dirige rapidement droit sur Ti'Amaraa. Les bateaux copains sont ancrés un peu plus loin.
Les 6 gaillards du bord nous interpellent.
''Gloups... Ils nous veulent quoi?"
À travers le bruit du moteur puissant, on capte un mot: Regalo
Cela signifie cadeau.
Au premier abord, on comprend qu'ils veulent qu'on leur donne des cadeaux. Ils ressemblent plus à des pêcheurs qu'à des pirates... Mais au fait, ça ressemble à quoi un pirate ?
Ils sont à présent au ralenti à quelques centimètres de nos jupes et nous font signe de leur faire passer notre sceau.
''Quoi ? Ils veulent ça comme cadeau ?... Bizarre, ces pirates, non ?!"
Nous avions tout faux. Ceux sont EUX qui veulent nous faire un cadeau!
En quelques secondes, notre sceau déborde de 7kg de poissons de récifs frais: carangues, blanches, pagres...
Ils ont le sourire: heureux de nous offrir le fruit de leur travail.
Comment les remercier ? Ils ne veulent rien en échange. Au contraire,  ils s'excusent presque car les prises sont petites et nous promettent de repasser en fin de journée avec du plus lourd.
On arrive à leur faire passer un peu d'eau fraîche et du chocolat. Ils sont aux anges, et nous scotchés!
Nous sommes bien au Venez ? Là où l'on risque notre vie et où il faut éviter tout contact avec les lanchas ?
En soirée, ils reviennent comme promis, mais à trois uniquement . Les bras chargés d'une langouste de 2,5 kg, d'un barracuda d'un bon mètre,  d'une grosse carangue et de divers poissons coralliens. C'est énorme !!! Plus de 5 kg de chair !!!
Nous ne voulons pas accepter. Ils insistent en nous expliquant qu'ils ne veulent ni argent, ni cadeaux...
Leurs sourires nous font céder, nous les invitons à boire un rafraîchissement à bord. Leurs yeux s'illuminent dès qu'ils montent. C'était ça !!! La curiosité... Le bateau,  qui sommes nous, notre vie sur l'eau...  Ils débordent de questions et sont contents de voir des étrangers dans leur pays en crise.
Ils nous demandent deux services : Visiter Ti'Amaraa et Seayousoon et pouvoir prendre des photos.
Non, sans blague ? Et dire que certains nous croient en danger sous ces latitudes.

On se régale à échanger tous ensemble de nos vies entre fin d'après-midi sur Seayousoon et pause café le lendemain matin sur Ti'Amaraa.
Ils nous confirment qu'il ne faut ABSOLUMENT pas s'approcher de Margarita, de Caracas et de la côte orientale. La vie dans l'arrière pays, surtout côté Colombie est bien meilleure mais la dévaluation de la monnaie complique le quotidien. Certains produits comme le sucre sont inexistants dans tout le pays. De même, le manque de médicaments est criant.
Leurs campagnes de pêche aux Aves durent 10 jours. Ils sont 8 dans l'eau de 7h du matin à 19h. Ils cohabitent sur un petit îlot dans un baraquement ouvert aux 4 vents avec 200 litres d'eau douce pour seule ressource. Un bateau récupère régulièrement leurs prises pour les ramener au frais à Bonaire ou sur le continent pour 3us$ du kilo. Certains comme Manuel et Harold ont un boulot à terre, et viennent aider Luis le propriétaire du bateau pendant leurs congés.
Ils ne nous demanderont rien. À force de discuter, nous essayons de deviner ce qui pourrait leur faire plaisir car nous ne pouvons nous quitter ainsi. Avec Seayousoon nous concoctons un petit ''colis'': Gâteaux, chocolat, sucre, gel douche, produits d'hygiène et cigarettes les rendent heureux.
Il y a des rencontres qui vous touchent au coeur.
Ils n'ont rien et ils vous donne beaucoup.
En s'aventurant  en dehors de sa zone de confort, on découvre que la vie a plus d'une seule facette.
Los Aves ne devait être qu'un passage potentiellement ''dangereux'' sur le chemin pour Bonaire, nous y avons rencontré de belles personnes généreuses.
Jamais nous n'avons eu d'escales aussi sereines... à laisser, pour la première fois depuis notre départ, porte et capots de pont ouverts le temps de nos absences. Qui l'aurait cru ?
À Sotavento au mouillage, nous avons même eu la visite des Cost Gardes, cinq hommes à bord (dont un armé) charmants et souriants.
À la différence des quelques échanges avec des douaniers tricolores aux Antilles, ici on ne vous parle pas comme à un délinquant en puissance. On vous demande la permission de monter à bord, on propose de se déchausser pour ne pas salir, on s'intéresse à vous, on remplit des formulaires, on partage un café et tout ce passe dans la bonne humeur. Nos interlocuteurs nous rappellent même qu'ils sont en veille H24 sur VHF 16 au cas où nous ayons le moindre problème.
On croit rêver. Cherchons bien....où avons nous été si bien accueillis ?... pour 0,00 € de clearance...

Aux Aves, nous sommes aussi venus à la découverte d'un lieu bien précis. Lors de nos années de lecture de blogs, il était question d'un lieu sur une des îles, un mausolée légendaire pour navigateurs de passage.
Était ce toujours d'actualité ?
Kho Lanta n'a rien inventé.  Les totems de Los Aves de Bartolavento existent bel et bien.
Tel le trésor de bateaux fantômes chargés d'or des canaux patagoniens, l'information se passe de Capitaines en Capitaines. Grâce aux conseils d'Afrodite nous avons donc pu sans mal trouver l'entrée cachée dans la mangrove.
Dès le débarquement du dinghy, on observe suspendus aux branches des stigmates laissés par nos prédécesseurs: une tête de barracuda séchée,  des coquillages décorés ...
En mode petit Poucet, nous suivons les marques d'un chemin qui se dessine vers l'océan.
Elles sont là.
Toutes les traces des navigateurs passés.
Dans l'enchevêtrement hétéroclite d'objets, on lit des noms connus: Eolis, Étoile de lune, les Batocousins...etc...
Certains ont laissé un objet du bord. D'autres ont, de leurs mains créatives, décorés des galets, des coquilles de lambis, des morceaux de bois...
Nous nous en approchons avec la circonspection d'un antiquaire qui vient de dénicher une précieuse relique.
Comme nous avons planté des drapeaux et des cairns en haut de sommets népalais ou pyrénéens, cette île sud des Aves se présente à nous comme un point de passage important de l'aventure.
Le ciel étincelant de la soirée est propice à la méditation: plus de 7000 miles nautiques parcourus (soit près de 14 000 km), notre vie riche de rencontres, quel va être notre avenir ?
Si jusqu'à présent nous n'avions jamais trouvé de lieu adhoc où laisser une trace de notre passage, cette découverte à résonner comme une évidence pour nous deux: la clôture de l'épisode Atlantique et l'ouverture vers de nos nouveaux horizons.
Non sans une certaine émotion, nous passerons des heures à préparer notre totem.
De la récupération d'un bois flotté sur la côte au vent, à la confection d'un pochoir, au gravage de la matière,  à quatre mains,  nous avons retranscrit l'âme de Ti'Amaraa que nous souhaitions laissé au souffle de l'alizé de l'océan.

Si vos étraves vous mènent vers ces îles, l'adresse de notre Tiki est sur l'Isla Sur à la position: 11'56.7080 N 67'256194 W.
Quant à l'entrée ''secrète'',  c'est par là... Mais chuuut :
11'56.7578 N  67'25.6235 W








Et puisque les informations manquent sur cette escale et que la cartographie est assez imprécise, voici les points GPS de nos mouillages :
- 11'56.765 N  67'25.838 W
- 11'56.836 N  67'25.1740 W
- 11'56.729 N  67'26.302 W
- 11'58.191 N  67'28.6360 W
- 12'3.55 N      67'41.264 W
- 12'3.504 N    67'40.656 W

Le décor des mouillages alterne. Tantôt un rideau de palétuviers géants, tel un écran barrant le vent d'Est, offre un mouillage paisible entourés de la faune locale: fous, sternes, frégates, tortues,  raies...

En d'autres lieux de longs croissants dorés parsemés de palmiers semblent s'étendre à l'infini, grignotés par les timides vagues du lagon, assagies par la barrière de corail qui ronronne au loin.

Aux îles Aves de Sotavento, le coucher de soleil est unique. Au delà de la belle lente déclinaison de l'astre de feu dans l'océan, au delà du ciel qui délaisse son bleu profond pour des teintes rouge-rose-orangées criardes, le spectacle est offert par les habitants de ces îles: les oiseaux (Los Aves dans la langue de Cervantes). Ils sont par centaines au dessus de nos têtes, une véritable fourmilière. Dans un ballet aérien précis accompagné de la mélodie de leurs piaillements, ils virevoltent en provenance du large, se rejoignent à l'horizon puis se regroupent pour passer la nuit à terre où ils nichent à même le sol sans crainte de prédateurs...ni des Hommes. Nettement moins effrayants que ceux d'Hitchcock, nous passons de longues minutes à observer ce que nous offre la Nature.
''Sinon, la télé... Ça ne vous manque pas ?"

Pendant des jours et des jours, nous avons eu ce bassin de navigation saphir pour domaine, les alizés pour calendrier et le soleil pour montre.
Snorkelling,  kayak, pêche, lecture, contemplation, baignades et partages de bons moments pour activités.
Issus d'une époque hyper connectée, nous avons vécu tels des pionniers cette sensation délicieuse de ne pas être rattrapés par les ondes.
Nous avons savouré le privilège de ce retour à une vie sauvage... confortablement installés dans notre maison itinérante.
Ti'Amaraa signifie Liberté. Nous l'avons retrouvée ici.
Nous vous souhaitons de pouvoir vivre vous aussi en dehors du temps un temps.




















18 août 2016

Vidéo


Pour illustrer l'épisode 1 de l'été de Ti'Amaraa, voici une petite tranche de vie aux Roques :
https://vimeo.com/178964587

À suivre l'épisode 2: Los Aves
et l'épisode 3: Bonaire

À très bientôt,

16 août 2016

Dans le bleu Épisode 1: Los Roques

''La beauté est dans les yeux de celui qui regarde'' Oscar Wilde .
Ce brave homme n'a certainement jamais erré du côté de l'archipel des Roques.


Situés au large du Venezuela,  ce chapelet d'îlots désertiques est accessible aux ''happy few'' qui n'ont pas écouté le chant des sirènes des pontons déconseillant de s'approcher de cette zone à fort risque.
Effectivement, la situation politico-economique du Vénézuela est très compliquée. Associé à la gangrène savamment orchestrée par les narcotrafiquants, le pays traverse une terrible crise. La population souffre. Les files d'attente s'allongent devant les rares échoppes ayant des vivres à vendre. La monnaie nationale, le bolivar dévalue à vue d'oeil, et la valeur des biens aussi. À ce jour, 1 Us dollar correspondant à environ 800 bolos. Un kilo de viande correspond à un tiers de SMIC mensuel. Une hérésie !
Ceci génère un affreux climat rendant toute excursion touristique dangereuse. Des actes de pirateries sur des bateaux de plaisance ont même eu lieu encore assez récemment près des côtes continentales. Pour se donner une idée, de la nourriture et du papier WC ont, entr'autres, été dérobés aux plaisanciers.
Où va ce pays ?
Certaines zones sont donc à proscrire des programmes de navigation compte tenu de leur proximité avec le continent et donc de leur accessibilité pour les âmes mal attentionnées.

Cependant, l'archipel des Roques est suffisamment éloigné (70 à 80 nm) des turpitudes continentales pour espérer pouvoir y séjourner paisiblement. C'est du moins sur cette hypothèse que nous avons misé. 
C'est donc plein d'interrogations que nous avons approché les côtes de Gran Roque.
L'Imperator Parasailor aidant, nous avons rapidement avalé les 360 nm...Trop vite même, car pour rajouter du piment, c'est de nuit que nous avons réalisé notre premier mouillage. Éclairés par une lune pleine resplendissante, nous avons pu voir notre ancre se poser délicatement sur le fond de sable blanc à une heure du mat.
''Euh...elle est où l'eau ?''
Jamais nous n'avions vu aussi translucide.  Magique... De bonne augure pour les prochains jours. 
Dès le lendemain, nous lançons nos radars de mauvaises ondes en acquisition ... Rien, Nada, un gros ''Que dalle''.
La vie bat son plein. Et contre toute attente, nous sommes entourés de yachts et voiliers venezuéliens. En effet, compte tenu de la situation intenable à Caracas et ailleurs la bourgeoisie locale émigre aux Roques pour vacances et week-ends.
Les barques de pêcheurs, les water taxis et les vedettes rapides se côtoient sur le plan d'eau. Tout le monde semble se respecter.
De même, personne ne fait cas des (très rares) bateaux de voyage que nous sommes. Il y a de la place pour tout le monde par ici et chacun vie sa vie. Personne ne cherche à nous vendre ni à nous taxer quoique ce soit. Ça nous change des boyboats antillais...

Quant aux formalités, nous avions beaucoup lu à ce sujet, et noté LA procédure à suivre.
N'en faites rien, ça change d'une année à l'autre voire d'un bateau à l'autre.
Nous avons eu la grande chance d'être attendu et accompagné par un charmant couple de navigateurs français: Nicole et Michel sur leur Seayousoon. Prévenus de notre arrivée par un bateau copain commun, ils n'ont pas hésité à patienter quelques jours pour nous débriefer sur leur circuit d'arrivée. Que demander de mieux !!!
Merci les Afrodite pour le relais.
Top le ''clearance tour'' by Seayousoon !!! Merci les amis !


Pas moins de 5 bureaux à visiter disséminés sur l'île: Gardes côtes,  Gardia Civil, Immigration, Bureau du parc national, kiosque du parc. On visite ''la ville'' en même temps...Pratique.
C'est un peu long,  un peu fastidieux mais cela se passe sans encombre et sans aucune demande de billets sous la table. Un peu d'huile de patience et une pincée de sourire et on finit même par nous offrir un café.
Une bonne demi journée plus tard, nous avons tous nos documents en règle, la collection de tampons s'est agrandie. Nous voilà libres de voguer et ancrer dans cette Réserve naturelle.
Ah, nous oublions le coût.
À l'immigration, nous avons dû régler 9000 bolos soit environ 10 euros.
Ensuite, pour avoir accès aux zones de mouillage du parc, il y a un pass de 15 jours dont le montant est calculé (informatiquement s'il vous plaît !) en fonction de la longueur du bateau, du nombre de passagers....et de l'âge du Capitaine (non, c'est une blague... Mais ça pourrait ).
Nous avons été enregistrés comme un bateau de 11m (à priori ils ne tiennent pas compte des virgules car nous sommes à 11,74m sur les papiers et si on mesure...No comment).
Quant à la largeur de notre gros pépère, elle ne rentre pas dans le calcul...Cool...
Nous avons ainsi dû nous acquitter de la somme de 80 euros. 
Pour info Seayousoon, bel Oceanis 45 pieds a été facturé environ 100 euros.
À première vue, cela peut sembler onéreux. Si l'on reprend nos tablettes et calculatrices,  nous sommes sensiblement au même tarif par nuit et par personne qu'aux Tobago Cays... avec un terrain de jeu plus vaste, plus nature et surtout nettement  moins encombré.
Il ne faut pas perdre de vue que Los Roques est le plus grand parc naturel de la Caraïbe étendu sur 2200 km2. Il compte une cinquantaine d'îles dont certaines en réserve intégrale et possède des récifs de corail diversifiés parmi les mieux conservés de la mer des Caraïbes 
Et puis, si notre modeste contribution peut être une petite pierre à l'édifice de reconstruction dont ce pays à bien besoin. Banco !!!

Gran Roque est l'île principale, la seule à posséder une population permanente regroupée autour des épiceries,  boulangeries, d'une boucherie, d'un dispensaire, d'une pharmacie (qui fait aussi office de bureau de change), d'un centre culturel,  d'une église, d'une école... Un joli village ultra coloré sillonné de ruelles de sable.




Le charme opère dès que l'on met pied à terre. Les enfants jouent dans les rues. Les plus âgés bavardent assis à l'ombre de beaux arbres ou jouent aux dominos et lotos. Les ados et jeunes adultes quant à eux sont regroupés sur la place centrale. En plus d'être un lieu de rencontre, ces m2 centraux sont le siège du Graal : le Wifi !!!
Mise à disposition gratuitement par l'état tant pour les résidents que pour les touristes, cette connexion est la bienvenue pour donner des news aux proches et pour checker la météo.
Gracias Gobierno Bolivariano !



On l'a dit Gran Roque est le lieu de villégiature protégé de la jeunesse dorée vénézuélienne mais aussi de quelques initiés de tous horizons (plongeurs, kite surfeurs...). Par mer ou par les airs, ils arrivent à grand renfort de dollars à la recherche d'un lieu de vacances différent, loin du tourisme de masse. C'est ainsi que de nombreuses vieilles bâtisses ont été transformées en posadas (comprenez gîtes de quelques chambres). Tout est fait avec beaucoup de goût et harmonie.Les prestations et tarifs sont alignés avec les standards européens. Il faut beaucoup de zéros si on veut convertir le prix d'une nuit en bolos.

Nous avons eu la chance de pouvoir visiter La Cigala, tenue par Enrique assisté d'Orlando et Carla. C'est le voyage et notre langue qui nous ont rapproché. Enrique est voileux et parle français. Il n'en fallait pas plus pour que le courant passe. Il avait aussi remarqué ce catamaran fraîchement arrivé ...et surtout ce mât reculé. Il a l'oeil !!!Ainsi, alors que la table des posadas n'est en principe réservée qu'aux hôtes, l'équipe nous a proposé d'organiser pour les équipages de Seayousoon et Ti'Amaraa, un dîner venezuelien.
Un régal ! Digne des meilleurs restaurants français !!!
Une belle soirée ! À un prix très raisonnable !!!
Félicitations aux cuisiniers et un grand merci à Carla, Orlando et toute l'équipe pour vos sourires.



Papiers en règle, famille et amis rassurés , Ti'Amaraa est parti explorer son nouveau terrain de jeu. Nous nous sommes donc retrouvés
au milieu de nulle part dans une zone oubliée de la planète mal répertoriée sur les cartes, un trou noir corallien qui avalerait les inconscients ayant commis l'outrage de s'y aventurer.
Bouuu quelle trouille !!!
Une peur bleue, of course ;-)

Jour après jour,  mouillage après mouillage, notre quotidien s'est illuminé d'une couleur et d'une saveur insoupçonnées. 
Le bleu est de rigueur, dans toutes ses déclinaisons, du bleu pâle et translucide au bleu d'ombre et profond, en passant par un délire de bleus crus des plus saugrenus: tant sur les façades terrestres que sur les costumes d'apparat des poissons aux couleurs si vives qu'elles semblent irréelles.
La lumière enchanteresse des lieux se reflète sur un plan d'eau d'une telle pureté que, pour la première fois de notre vie,  nous observons des nuages bleus turquoises. Inoubliables !
Sur l'eau, c'est beau.
Sous l'eau,  c'est beau.
À terre, c'est beau.
Dans les airs, c'est beau.



Difficile de choisir notre mouillage préféré, de sélectionner les vues parmi la centaine d'images volées au présent, de retranscrire l'atmosphère de ces lieux.
En attendant de pouvoir partager les montages vidéo, voici 10 beaux moments inoubliables de cette quinzaine :

1- Une plongée incroyable au sud de Soyoqui: petit îlot le long de la barrière de corail Est.
Jamais nous n'avions vu une telle variété de coraux et, qui plus est, dans un état de préservation époustouflant.
Barracudas, Requin nourrice, Raies, Capitaines, Balistes, Anges et Papillons... Ils sont tous là.
Une belle aventure 100% autonome: recherche d'un site la veille avec Michel (sur les infos d'Afrodite), jonction avec le matériel en annexes, plongée à trois et regonflage des 3 blocs on board. Trop bien !!!
C'est dans de tels moments que l'on est contents de s'être contorsionnés des heures dans la jupe pour installer le compresseur de plongée.

2- Rencontrer en snorkelling sur le récif de Buchiyaco des poissons par centaines dont des perroquets géants aux couleurs de carnaval. Nos chouchous: les perroquets midnight (noir et bleu nuit) et les perroquets arc en ciel (orange et verts).
Le barracuda de plus d'1,50m propriétaire du lopin de corail a toutefois semblé peu satisfait de l'intrusion. Même resté à bonne distance, son regard peu enjôleur ne nous a pas inspiré pas la franche camaraderie.
OK T'as gagné... On décampe !

3- Remonter le chenal de Sebastopol (entrée sud de l'archipel
) sous Grande voile et code zéro en zigzaguant dans les nuances de bleus est hyper fun. Ceci dit pas de place à la déconcentration, les cayes sont nombreuses... La route est mal pavée. Un oeil sur le sondeur et la carto, l'autre vers l'horizon chaussé de lunettes à verres polarisants, et ça le fait bien.
Le bassin des Roques est un vrai paradis de la voile. Un alizé constant à 15/20 noeuds, la houle océanique brisée par la barrière de corail... Le pied à chaque changement de mouillage en version ''régate'' toutes armes textiles dehors avec les copains.




4- Noronquises en mode seul au monde.


À deux encablures des animées Gran Roque et Crasqui, ces trois îlots déserts offrent un havre de paix pour qui aime la Nature pour seule compagnie. Ti'Amaraa y était seul pendant deux jours. Les oiseaux par centaines vivent en harmonie sur ces îles de sable or et rose. Le spectacle frôle son paroxysme lorsque nous sommes surpris par un vol en escadrille de flamands roses majestueux .
Pas le temps de dégainer l'appareil, la masse couleur Incarnadin s'éloigne dans le ciel en dessinant une flèche semblant nous indiquer la direction pour la suite de notre voyage. Irréel !!
La balade à terre offre aussi un joli panorama et surtout l'impression d'être les premiers à fouler ses plages de galets de corail. Si le compteur journalier de notre pass ne tournait pas, on pourrait y rester encore et encore...

5- Faire notre marché en burgots et lambis dans les 30 cm d'eau translucide des piscines naturelles du reef sud.
Un grand merci encore aux Seayousoon pour les conseils, les cours de ''décortiquage'' de lambis et de cuisson. Quel bon dîner tous les 4 à se régaler de produits offerts par la mer !
Et vive l'aïoli du Capitaine !




6- Faire un peu d'avito à Gran Roque était d'après radio ponton juste IM.PO.SSI.BLE !!!
Dans le doute, nous sommes arrivés coffres et frigo pleins. Avant de quitter l'île ''capitale'', nous avons tout de même voulu nous rendre compte. Avec nos 7 500 bolos restants soit une liasse de 150 billets de 500 en poche (ça fait riche comme ça mais en fait ça correspond même pas à 10 euros), nous avons pu sans mal remonter notre stock d'oeufs, de tomates, de galettes de mais. Et comme il nous restait des billets verts, quelques boîtes de thon sont venues se rajouter au panier de la ménagère flottante. Si sur le continent la situation est bien plus compliquée, aux Roques une fois encore à bas les préjugés, vous ne mourrez pas de faim. 

7- Un réveil dans l'écrin de Cayo Carenero:
Ancrer Ti'Amaraa dans un lagon aux allures de lac paisible couleur d'azur,
Être réveillés par la symphonie des chants des oiseaux marins,
Petit déjeuner entourés des vols planés chorégraphiés de dizaines de pélicans et sternes au dessus de la mangrove,
Observer le Dieu Soleil réveiller de ses pinceaux chauds les couleurs alentours.
Avoir l'impression de vivre au milieu d'une aquarelle



8- Par respect pour ce parc, nous n'avons jamais mis une ligne de traîne à l'eau. De même l'activité ''Chasse sous marine'' a été exclue du programme, malgré les langoustes nous narguant lors de snorkellings... L' envie toutefois d'un poisson grillé nous a entraîné vers les petites cases de pêcheurs de Cayo Carenero. En fonction des demandes et de la pêche, ils peuvent organiser des déjeuners sur la plage. Une jolie petite structure est en place décorée de guirlandes de coraux, de coquilles de lambis, de sculptures en bois...
En réservant à l'avance, pour 10 Us$ par personne,  nous nous sommes régalés, les pieds dans le sable, de ceviche de lambis et de très beaux poissons parfaitement grillés à la chair ferme et goûteuse. Miammmm !!!




9- Chaque soir le festival est aussi dans le ciel. La voûte céleste, striée de temps en autre par des traînées d'étoiles filantes, semble s’être ornée d’une poussière de diamants pour accompagner les constellations de nos pensées.
Traces éphémères de nos voeux au firmament.
Dites ''Là Haut'' ?
C'est ça l'éternité ?

10- La dernière escale aux Roques avant de filer toujours vers le soleil couchant nous aura offert un mouillage splendide dans le lagon bordé par deux langues de sable que sont les îlots de Bequeve et de Cayo de Agua.
Nos âmes d'enfants n'ont pu résister à l'appel des dunes de sable de Bequeve. À nous, l'escalade de ces murs de poussière de corail fine comme de la farine. Vu d'en haut le panorama est saisissant: les plages dorées et le phare de Cayo de Agua en fond, les dégradés turquoises du lagon central, les lacs roses à nos pieds et le bleu profond d'un horizon océanique à perte de vue. Géant !
Comble du bonheur, le lendemain matin c'est sur un plan d'eau miroir que nous avons ouvert les yeux. La mission  ''exploration de Cayo de Agua'' est mise à l'ordre du jour de notre réunion/petit dej. Nous filons en annexe avec la sensation de voler au dessus du fond  parmi les coraux, les raies et les tortues.
L'île réputée pour être la plus belle des plus belles n'est que pour nous! Ses plages immaculées, son oasis de palmiers dattiers, son phare du bout du monde, sa langue de sable semi-immergée, ses oiseaux curieux, ses poissons joueurs...Les mots nous manquent pour retranscrire cette escapade.








Nous avons bien fait de croire en notre foi optimiste. Rater cet archipel aurait été une grosse erreur de casting : un plan d'eau offrant des conditions de navigation stables, des mouillages juste parfaits tantôt isolés tantôt ''civilisés'', une atmosphère sereine et paisible.
Un petit sentiment de déjà vécu trotte toutefois dans nos têtes... Serions-nous nous déjà en Polynésie ?
Certains appellent Los Roques, la petite Polynésie Caraïbe.
On confirme !!!
Mais surtout prenons notre temps justement pour ne pas rater ce genre de pépites en chemin.




Merci les Nemesis pour vos informations ''mouillages'',
Merci les Kermotu pour la mise en relation avec les Afrodite (que l'on part rejoindre aux Aves),
Et encore Merci les Seayousoon pour les escales partagées.

Si le Mal existe, il est caché dans nos peurs.
N'ayez crainte, venez visiter Los Roques !