28 octobre 2016

Cartagena en vidéo

Un petit tour en images à Cartagena avec un bon son folk pop local.

C'est par  

ou copiez/collez le lien :
https://vimeo.com/189368757


27 octobre 2016

Cartagena Magica

Plus de deux ans,  et nous n'avons tous les deux jamais dormi ensemble ailleurs que sur l'eau, ce compteur a été rompu ce week-end pour aller visiter Carthagene, Cartagena la belle.



Nous avons pris l'option de laisser Ti'Amaraa ficelé comme de la rosette à la marina de Puerto Velero et de partir en mode backpackers. 



Pour rejoindre l'autoroute où passe la ligne de bus, l'aventure commence... en moto taxis. Chacun la sienne. Sans casque, bien sûr.  En avant pour les premiers km, cheveux et sacs à dos au vent. Trop bon! 
La marina a, en avance de phase,  téléphoné à la société de transport pour les prévenir que deux clients attendraient à l'heure convenue.
Et oui, parce que ce bus est en fait une ligne directe express Barranquilla/Cartagena sans arrêt! 
Nous sommes donc débarqués de nos deux roues sur la bretelle de l'autoroute.
Bon, soyez rassurés ce n'est pas le périph aux grandes heures mais tout de même c'est étrange d'attendre un hypothétique bus sur une autopista ;-)
À l'heure dite, plusieurs seront passés à vive allure. Aucun ne s'est arrêté. 
- Euh...Le chauffeur ne se serait pas avalé la commission?  Ou la nana au téléphone ? 
Finalement avec un petit quart d'heure de retard, juste le temps de nous poser ces questions sans réponses, notre carrosse se gare sur la bande d'arrêt d'urgence. 
Yes!!! 



Une petite heure et demi plus tard, nous arrivons frigorifiés à Carthagene.  On nous avait prévenu que la climatisation était une composante à ne pas négliger.  D'ailleurs, dans la catégorie ''première'', on avait ressorti pour le coup nos Jean's rangés depuis le départ.  Heureusement!!!!  
Note pour la prochaine fois: prendre un gilet ou des manches longues! 

Cette anecdote est vite oubliée devant la vie, les couleurs et le charme qui se dégagent de chaque ruelle de Cartagena. On pourrait prendre des centaines de photos que l'on aurait dû mal à transmettre l'atmosphère. Pour nous, en comparaison des grandes métropoles visitées à aujourd'hui, elle est inclassable du fait de son identité. Une pépite.



Le centre historique (et touristique) est très beau. À chaque angle de rue, des façades soignées et des balcons en bois travaillés sont les supports colorés de compositions végétales naturelles toutes plus belles les unes que les autres. 
De jolis parcs ombragés permettent un instant de repos à l'ombre de beaux arbres habités par singes et écureuils. 
Cette ville est un tableau de maître à l'intérieur duquel on peut déambuler éblouis par sa beauté nature et l'harmonie des couleurs.








Nous l'avons découvert le matin à la fraîche ou en fin de journée pour laisser ''la place'', aux heures de pointe, aux fournées de vacanciers bagués guidés par leurs petits fanions colorés vers le top 10 des place to be.

Ceux sont dans les quartiers populaires tout aussi charmants que nous avons in fine passé le plus clair de notre temps.







Notre coup de coeur est pour Getsemani aux alentours de la Plaza de la Trinidad. 
Ici se mélangent les résidents, les touristes qui, comme nous, ont choisi un hébergement dans une casa du coin et aussi en soirée beaucoup de Colombiens.
On y mange bien à toutes heures pour une poignée d'euros par personne. Cette place est le point focal du quartier.

Déjeuner local: la sopa.
Super bon! 



Spécialité :Arepa ou Arepita suivant la taille 

La journée, entre deux offices (voire même pendant) célébrés dans la jolie église, les enfants jouent au foot. Les ados whatsappent and co' grâce au WiFi gratuit offert par la ville.



Tous les soirs, des artistes locaux viennent faire le show gratuitement. On y écoutera des musiciens de talent. On se régalera des démos de Street Dance. 
Le top pour la Cap' un soir: cours de danse collectif avec déhanchés à la Shakira. Trop bien!!!


Tout cela dans une ambiance sereine. Toutes les générations dansent, mangent, rient, chantent, papautent. L' élégance est de rigueur sans bling bling, ni contre-façon de marque pour se donner un style.
La ville regorge d'ailleurs de petites échoppes de mode avec des articles sympas... Et à des prix incroyables!! (On en a profité pour rafraîchir un peu la garde-robe du bord.) 
Nous avons adoré cette ambiance de "fête de village" où l'amusement et la gaieté sont de rigueur dans un profond respect les uns des autres. 
Malgré le monde et les snacks ambulants, ni papier gras, ni canettes, ni mégots au sol. Chacun prend soin de jeter ses déchets dans les poubelles.  
De même, des groupes de jolies poupées déambulent court-vêtues dans les ruelles sans crainte. Les policiers en deux roues patrouillent. Mais nous n'avons senti AUCUNE insécurité, ni violence, ni differencialisme culturel, ni communautarisme religieux. 
De quoi continuer à nous donner foi en l'humanité telle que nous l'aimons.
Mr Radio Ponton: toujours pas de balle dans le corps ;-)

Le quartier de Manga et ses vieilles bâtisses coloniales classées par l'Unesco méritent aussi la balade.




En dehors des fortifications de la vieille ville, peu de touristes s'y aventurent. Dommage car on y est en réelle immersion avec la vraie Cartagena.

2 cafés + 2 cocktails + 1 manucure =8,50€

C'est aussi dans ce quartier que nous serons gentiment accueillis par l'équipe Lagoon Colombia! Merci à vous! 
Nous sommes en effet tout proche de la zone nautique de Cartagena avec ses marinas, ses shipshandlers (!!!) et son célèbre mouillage.

Vieille ville à droite
Boca Grande en face
Marina et mouillage à gauche 




Nous ne regreterrons pas d'avoir laissé Ti'Amaraa à Puerto Velero.  L' eau ici est, comme nous l'avions lu, assez sale et l'espace réduit.
Compte tenu des prix pratiqués pour les bus (6€/pers), les hébergements et les repas, ça valait le coup de se faire cette escapade terrienne. 
Il y en a bien sûr pour tous les budgets. Tous les musées visités (musée de l'or, musée de l'émeraude...) sont gratuits. Nous avons réussi à tenir notre budget serré même en se faisant plaisir avec le choix de notre hôtel: Casa Relax.



Nous garderons de Cartagena une image de raffinement, de quiétude et de festivités. Nous sommes bien arrivés en terre latino... Bon sang,  on adoooore cet art de vivre.



L' ambiance  ''auberge espagnole" de notre casa et de cette ville nous auront permis de faire encore une fois de belles rencontres: une jeune kiné madrilène expatriée à l'île de la Réunion en mode backpackers,  une famille sino-allemande en vacances, un franco-venezuélien vendeur de bateau à Puerto La Cruz, une table de foodcourt partagée avec un jeune avocat colombien intéressé par notre voyage... Des contacts toujours sous le signe de l'échange et la générosité.



Un bémol toutefois sur les belles rencontres: le chauffeur du bus retour. 
Notre histoire avait pourtant bien commencé.  Un minibus à l'heure et quasi vide, deux places bien confortables, une clim' savamment dosée... Tout pour passer un bon moment. 
Passent encore sa conduite à la Sébastien Loeb et les appels de phare des conducteurs en sens inverse à chaque dépassement cavalier. Bien que l'on ait été un brin insistants au bureau et à l'embarquement sur notre stop à Puerto Verlero....On vous le donne en mille.  Bingo!!! 
Heureusement, le Cap avait mis en route l'application de navigation Locus Map (super appli off line, on en reparlera) sur son smartphone.  Nous avons donc pu nous rendre rapidement à l'évidence qu'il avait loupé l'arrêt. Le temps de réaliser,  de le lui dire, et qu'il réagisse nous avons parcouru plus d'un kilomètre.  Le gars, plus préoccupé par son téléphone que par notre trajet, ne se démontrera pas pour autant.  Arrêt toute!!! 
Et nous voilà ainsi que nos sacs largués directement sur la 4 voies sans le moindre commentaire. On s'attendait pas non plus à des excuses, quoique?!?
En plus, pensant tout faire "motorisés", nous avons fait un peu d'avito. Nos sacs sont à bloc.
Si attendre un bus sur une bretelle est original,  remonter plus d'un km sur la bande d'arrêt d'urgence fut une première ;-)
C'est clair on ne s'est pas fait un nouveau copain avec ce maudit chauffeur!



Nous hatons le pas car il faut être avant 17h à la bretelle si l'on veut attraper les dernières navettes de moto taxis....sinon c'est 4 km de plus. En plus, un orage menace.  Manquerait plus qu'on soit trempés.

Ouf!!!  Deux gentils motards attendent.  On voient bien qu'ils se demandent d'où l'on arrive chargés comme des mulets à pieds sur l'autopista. No comment! 

On aura juste le temps de retrouver notre Ti'Amaraa avant que la pluie s'invite.
Tout est bien qui finit bien.
Nous aurons in fine bien rigolé et passé 4 jours terriens inoubliables.








20 octobre 2016

Part 3: Des cinq baies à Puerto Velero

Initialement, nous pensions quitter le mouillage vers 22h pour traverser le golfe de Santa Marta de nuit et nous présenter à Barranquilla au petit matin.

Après plusieurs jours de navigation et d'escales sur cette côte colombienne, nous nous sommes rendus à l'évidence que les journées étaient nettement plus stables côté météo que les nuits. Sur la région Nord,  les orages violents sévissent presque toutes les nuits.
De plus,  nous avons envie de profiter de cette navigation et qui sait, peut-être verrons nous les pics Bolivar et Colomb enneigés.  Ce serait LA chose à ne pas rater de la mer des Caraïbes. 

Une fois toutes les données d'entrée compilées:

nav de jour au max + 60 nm à faire + courants contraires à prévoir + arrivée à Puerto Velero de jour = nouveau programme :

- Réveil à 2h30 du mat
- Départ à 3h
- Estimation d'arrivée à l'embouchure de la Magdalena vers 12h
- Estimation d'arrivée à Puerto Velero vers 15/16h

En voilà,  une chouette mission !

Lorsqu'à 3h, nous sortirons de notre baie protégée nous ne regreterrons pas notre choix.
À bâbord, d'où l'on vient, le festival des éclairs est encore au Rdv.
À tribord, où l'on va, le ciel est dégagé. Notre amie la lune pleine nous ouvre la voie.



Sur cette dernière nav avant quelques semaines de repos à la marina, Ti'Amaraa se la joue Diva.
Toute la garde-robe,  absolument toutes les voiles dans toutes les configurations ont été sorties.
Eole nous a servi toutes les allures et toutes les forces de vent, histoire de ne pas nous ramollir.
Du portant sous Parasailor,  du près sous GV et Génois, une zone avec un vent de travers à 30/35 nds nous obligeant à prendre un ris puis à nouveau du portant et du travers tranquilou pour finir sous code zéro et GV (relâchée). 
Aucune manoeuvre ne nous aura été épargnée.  Décidément la route pour la Colombie est intense.

Au soleil levant,  nous profitons d'un calme pour prendre notre petit déjeuner face à la Sierra Nevada.



Alors Oui! On voit bien ces deux pics majestueux de presque 5900 mètres d'altitude du large.
Et Oui! On distingue clairement les neiges éternelles sur leur sommet.
Enfin ''clairement"...avec avec de bonnes jumelles de là où nous sommes.

Il faudra, pour le coup nous croire sur parole car on a essayé d'immortaliser le moment mais ce n'est vraiment pas net. 
Cette histoire de neige nous aura bien amusé.  On l'aura cherchée. On se sera même préparés, vous l'avez certainement vu dans le bonus de la vidéo. La case de l'office du tourisme nautique by Ti'Amaraa est cochée. 

Le summum restera pour nous le fameux passage de la Boca de Ceniza, l'embouchure de la Magdalena au niveau de Barranquilla.


Barranquilla Skyline ;-)

Avant toutes choses,  on confirme qu'il faut ABSOLUMENT le passer de jour. Le plan d'eau est jonché de débris en tous genres charriés par le fleuve, principalement végétaux.  Nous croiserons ''la route'' de troncs d'arbres aussi longs que Ti'Amaraa flottant entre deux eaux.
Après le festival de Cannes et ses flashs, la Foire du tron(c).


Y'a quoi là dessous??? 

Le vert émeraude de la mer des Caraïbes s'assombrit au fur et à mesure de l'approche. On distingue bien à l'horizon la ligne de démarquation entre le vert (déjà bien chargé)  et le marron terre de l'estuaire. 
Pendant des miles, nous nous frayerons un chemin en zigzaguant parmi les obstacles flottants et les gros cargos en manoeuvre d'entrée au port sur cette eau saumâtre n'invitant pas à la baignade.


Marron... Droit devant! 

Le vent faible (10 nds) et le peu de houle nous permettent de faire un maximum de route sous voile. Nous voulons éviter autant que possible d'utiliser les moteurs dans ce bourbier.



C'est sans compter sur les courants induits par ce mélange des eaux. Au plus fort,  nous aurons presque 3 nds de courant contre vent, houle et route. Nestor, notre pilote, a beau faire des merveilles. Il s'essouffle et a du mal avec le peu de vitesse résiduelle à contrer la dérive.  Comme on l'excuse.
Une fois propulsé par nos deux Yanmar, Ti'Amaraa reprend sa route et une allure normale.
En revanche, après la Boca,  en continuant vers Puerto Velero,  on vivra plus de 2 nds de courant favorables.  Youpi !!! Ça pulse !!

Nous retrouvons petit à petit une jolie eau. Après les dunes de sable des Caps, la forêt tropicale des cinq baies, la chaîne de montagne de Sierra Nevada, nous longeons, à présent, une côte vallonnée verdoyante parsemée de jolis petits villages aux jardins vert gazon. Serions nous arrivés en Normandie équatoriale ?
La Colombie a une multitude de facettes.

À l'approche de Puerto Velero, la cartographie est out!!!  C'est une première. Il nous est arrivé de noter quelques décalages en particulier en dehors des sentiers battus comme aux Aves. Mais ici, c'est toute une langue de terre qui n'apparaît ni sur nos Navionics,  ni sur Opencpn. En arrivant du Nord, d'après elles on pourrait tracer direct sur la marina. C'est faux!  Les petites déferlantes nous confirment bien au contraire que la langue meurt doucement dans la mer et qu'il faut prendre l'entrée balisée bien sud.
Nous savons pourquoi nous nous sommes levés de bonne heure.

Entre Ti'Amaraa et Puerto Velero, le trajet le plus court n'est PAS la ligne droite! Sauf avec des roulettes 

Terre à bâbord! 

Il est 14h30 lorsque l'on pointe nos coques entre les deux bouées d'entrée du chenal de la marina.
Un mélange de sentiments étrange nous envahit.
Heureux, tout d'abord, d'avoir passé sans la moindre casse ces fameux Caps et les pièges de cette côte.
Excités d'arriver et de préparer notre escale sudaméricaine.
Tristes aussi que la route s'arrête. Comme pour la transat,  nous vivions dans une telle bulle fusionnelle tous les deux avec Ti'Amaraa et les éléments qu'il est toujours étrange lorsqu'on la crève et qu'il faut retourner ''à la civilisation''.
Cette semaine restera la navigation la plus technique et la plus exaltante depuis notre départ.  Nous lui attribuons la deuxième place au palmarès des nav' de notre coeur juste derrière la transatlantique. 

Ainsi s'achève près de 700 miles  nautiques d'une route intense en émotions, riche en panoramas, attachante aux premiers contacts et complète en manoeuvres.
Un petit film récap a été mis en ligne,  il y a quelques jours,pour ceux qui l'aurait loupé.



Une question nous taraude : 
Mais où sont les bateaux de voyage ?
Nous n'avons croisé AUCUNE voile lors de cette longue nav' alors que nous sommes dans la bonne saison, dans une fenêtre météo adéquate et sur la route sud classique pour continuer vers l'ouest.
La marina est par ailleurs quasiment vide. Du fait de sa jeunesse, elle est méconnue des navigateurs. Nous y consacrerons un article plus tard. 




Est-ce les âmes chagrines, en alimentant Radio Ponton de faux commentaires sur ce pays,  qui découragent des candidats ?
Amis navigateurs,  vous pouvez venir dans ces eaux sans crainte.
N'en déplaise à l'un des reporters en chef de cette radio  qui nous a dit il y a encore quelques semaines à peine :
- En Colombiiiiie !!!
- Faut pas y aller.... 
- Et faut surtout PAS mouiller sinon c'est une balle dans le corps. 

Vies avec ton temps Pépère...
Arrêtes de regarder des films sur le cartel de Medelin et Pablo Escobar.

Le monde change ;-)...

        ... Et nous nous régalons de le traverser


19 octobre 2016

Part 2 : De Cabo de la Vela aux 5 baies



Lever de soleil: top départ pour 120 nm


Une chose est certaine nous n'oublierons jamais ces 24 heures ou plutôt cette nuit. 

Tout a commencé par une belle journée ensoleillée de grand bonheur à la voile entre portant sous Parasailor et travers sous GV et Code Zéro accompagnés par des dauphins gracieux et des dizaines de papillons légers virevoltant autour de Ti'Amaraa. Nous filons à 8 nds sur une mer peu formée poussés par un souffle jamais rafaleux établi à 15 nds.
Le kiff total. 




C'est à la tombée de la nuit vers 20h que le climat de béatitude ambiant laisse place à l'adrénaline.  Face à nous, on se croirait aux marches de Cannes sous les feux des paparazzi. L' horizon est illuminé de flashs ininterrompus. Les orages sont loin mais on se dirige droit sur eux ou ceux sont plutôt eux sur nous...Seront ils désagrégés d'ici là ?
Pas de place pour l'improvisation, on prépare notre catamaran en conséquence. L' alizé ne doit d'ailleurs pas aimé les orages car il nous fait subitement faux bond. Ceux sont dans de tels moments que nous sommes contents d'avoir nos deux moteurs et nos 400 litres de gasoil.  En les utilisant alternativement notre autonomie est grande.
Ti'Amaraa est prêt,  nous aussi.  À quelle sauce va t'on être croqués ?
Nous observons la lune et les étoiles disparaître derrière un ciel de plus en plus obscur ne faisant plus qu'un avec la mer. Nous avançons vers un mur noir zébré d'éclairs. 
Au même moment,  deux hirondelles viennent se réfugier sur notre roof,  un poisson volant se suicide sur notre pont et nos copains les dauphins reviennent nous escorter.  Leurs corps fuselés soulignés par les rais de planctons luminescents glissent dans cette mer d'encre. 
Ti'Amaraa ou l'arche de Noé avant le déluge.  Heureusement les éléphants et les girafes ne savent pas nager.
Nous passerons la nuit cernés par les grains et les orages.  Les éclairs courent d'un nuage à l'autre au dessus de nos têtes avant de finir leur chemin dans la mer.
L 'air est un grondement incessant de salves de tonnerre.
On reprend nos cours élémentaires de physique. 
''Lorsque la foudre va du nuage vers le sol, elle emprunte le chemin le plus court et frappe donc généralement le point le plus élevé de ce dernier''
- Euuh...le point le plus haut sur l'eau à des miles à la ronde ce ne serait pas notre mât ?
Gloupsss... 
''la vitesse du son est de 346,3 mètres par seconde dans de l'air à 25 degrés. ''
- 1, 2, 3, 4... Oupsss moins de 5 secondes ce coup-ci. 
Ça se rapproche !
Allez hauts les coeurs,  ça va le faire. 
L'électricité dans l'air ne pénètre cependant pas notre bulle. Nous sommes attentifs, concentrés mais nous ne ressentons pas de quelconque panique. De toutes manières,  à quoi bon? On y est, il faut tenir le cap.
Les moments de repos dans la cabine n'en sont pas vraiment ni pour l'un ni pour l'autre. Les quarts de veille se font les rétines incrustées des flashs de foudre alentours. Les éléments bien que déchaînés n'en sont pas moins magnifiques.
Tout se passera bien, aucune décharge ne viendra se frotter à notre paratonnerre Selden.
Pour vous imaginer juste l'ambiance (bien que vous l'ayez vu en vidéo) ,  il fait nuit noire. Le vent souffle dans tous les sens. La girouette danse la gigue mais l'anémomètre reste dans des valeurs gérables. Notre catamaran tente de se faufiler sur une mer désordonnée et hachée. Nous sommes chahutés pendant des heures dans tous les sens arrosés de trombes d'eau à intervalles réguliers. Nous ne voyons plus où nous allons. Autour de Ti'Amaraa, l'horizon se résume à un rideau d'eau blanc sur fond d'ébène. Vive les instruments !!
Merci aussi notre option toiles de tour de cockpit.  Il est vrai que depuis que l'on est en mer Caraïbe on les utilise beaucoup moins mais dans de telles circonstances, cela rajoute de la quiétude lorsque l'équipage n'est pas trempé jusqu'aux os. 
Le répit n'arrivera que vers 3 heures du matin, soit près de 6 heures d'une intensité de pluie et de foudre jamais rencontrée jusqu'à présent . C'est long !! Vraiment rien à voir avec nos orages d'été métropolitains. Nous savourerons le retour de conditions normales en nous partageant les 3 heures de navigation restantes en un sommeil profond.
L' odeur du pain frais au four au réveil et le panorama époustouflant des 5 baies et de la Sierra Nevada auront raison de notre fatigue et de nos émotions. 




Nos narines sont immédiatement titillées par les odeurs de verdure tropicale humide, les parfums des fleurs cachées sur ces vallons et le fumé du café des baraquements de pêcheurs. Bienvenus en Colombie. 
Nous avons la sensation d'évoluer sur un lac de montagne tant le plan d'eau est apaisé. 
Après avoir testé les deux premières ensenadas Cinto et 
Neguange (trop rouleur), nous jetons notre dévolu (non, ce n'est pas une nouvelle ancre ;-)) sur l'ensenada Gayraca.






 Le mouillage y est nettement plus serein, le havre de tranquillité recherché pour nous reposer toute la journée avant de reprendre la route le lendemain. 


Comme au Cabo de la Vela, les barques de pêcheurs font les curieux autour du seul bateau à l'ancre que nous sommes. 
Sourires et pouces levés en guise de comité d'accueil,  que demander de plus ?

Le soir, Ti'Amaraa est la seule lueur sur l'eau. À terre, on distingue une petite loupiote dans la cabane des pêcheurs sur la plage et une autre dans la jolie hutte au toit de pandanus que nous avons remarquée en entrant dans la baie le matin.
Des Colombiens urbains ou des touristes viennent passer la nuit lovés dans des hamacs bercés par le calme dans ces petits écrins en pleine nature. 



Dans les plus cachées et les plus luxueuses de ces écohabs du parc national Tayrona, des célébrités s'y réfugierait régulièrement. On aura beau se balader dans toutes les ensenadas, point de Shakira. 

Et si c'était elle, cette blonde qui n'a pas voulu se faire photographier? 


À chaque changement de baie,  notre catamaran est accompagné par des bancs de gros dauphins,  probablement mandatés par les Cost Guards ou les Douanes. Nous n'avons en effet toujours pas fait nos formalités d'entrée (prévues à Puerto Velero).  Nous sommes  donc des migrants illégaux mais ça ne semble perturber personne. 

C'est avec regret que nous levons  l'ancre de ce parc réputé pour être la plus belle région de la côte atlantique colombienne.
Nous avons prévu de visiter la dernière baie avant de tracer vers la ville: Santa Marta. 
Grave erreur !!!
L'ensenada Bonito Gordo et les huttes vestiges de l'ancien village indien nous attendent. Il se dégage de cette petite anse bordée d'une plage de sable blanc une atmosphère qui nous séduit tous les deux dans la seconde où l'on présente nos étraves.



Un peu comme lorsque nous sommes arrivés de transat,  nous ne sommes pas pressés de retrouver l'agitation des grandes villes portuaires.
Ces baies sont tellement uniques qu'elles méritent bien une nuit de plus, non ?
Encore une petite baignade dans cette eau vert clair qui n'est PAS du tout froide !! (encore une fausse vérité véhiculée par radio ponton).

Tant pis pour le mouillage de Santa Marta.  On ira découvrir la ville peut être plus tard par la route.

Une dernière nuit seuls au monde avant de reprendre la route pour la troisième, et ultime partie, vers Barranquilla et la marina de Puerto Velero. 

Ps: Bilan de l'arche de Noé by Ti'Amaraa 
Les dauphins voguent toujours. 
Le poisson volant raidi a été rendu à la mer.
Une hirondelle s'est envolée de notre roof saine et sauve au petit matin vers la côte en laissant malheureusement sa coéquipière allongée contre notre chariot de grande voile.

Ps2: sympa les oiseaux mais ils de sont bien ''oubliés'' sur le roof.... La trouille sans doute. 

Ps3: À l'heure où nous finissons d'écrire ces lignes dans ce dernier mouillage des 5 baies, l'orage gronde tout autour de nous. Malgré la nuit, nous y voyons comme en plein jour.
Heureux de ne pas être en nav' pour participer au festival d'éclairs et de tonnerre joué encore une fois ce soir. Sacré climat sur la Sierra Nevada !